Remonter ] Note de l'éditeur lors de la première parution en novembre 1991 ] Préface de Jean-Jacques BEUCLER, ancien ministre ] Déclaration de l'auteur ] Chapitre 1 : "Premier contact avec les Viets" ] Chapitre 2 : "Les camps de représailles" ] Chapitre 3 : "Le Camp 113" ] Chapitre 4 : "Ma tentative d'évasion et ses conséquences" ] Chapitre 5 : "Le camp n°1 et ma libération" ] Annexe ] Texte integral ] Couverture du livre "Captifs du Viet-Minh" ] Vue aerienne du Camp 113 ] Victime anonyme ] Dans l'avion ] Le bol de riz ] Deux prisonniers après leur libération ] Secours aux prisonniers ] Tract de propagande Viet-Minh ] Rééducation politique au Camp n°1 ] Jeux d'échecs (campagne d'émulation) ] Vive la paix : propagande Viet ] Entre Caobang et Namquan ] Bon de commande ] [ Le mémorial des guerres en Indochine ] Bibliographie sur l'affaire Boudarel ] Une étude de la National Alliance of Families for the return of America's missing servicemen ]

Dépliant du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre sur le mémorial des guerres en Indochine

Au cours de la seconde moitié du XIX ème siècle, la France intervient en Extrême-Orient et impose son autorité sur les territoires de la péninsule indochinoise. En 1887, elle crée l’Indochine française qui réunit l’Annam, le Tonkin, la Cochinchine, le Cambodge, puis le Laos.

Jamais néanmoins la pacification ne sera totalement assurée et l’opposition à la tutelle coloniale se manifestera dans une agitation chronique provoquée par des mouvements nationalistes puis révolutionnaires.

Durant la seconde guerre mondiale, profitant de l’affaiblissement de la France et préparant son entrée dans le conflit, le Japon exige le stationnement de ses troupes sur le territoire. Il accompagne cette exigence d’une démonstration de force sur Langson (septembre 1940). La Thailande, à son tour, revendique les provinces frontalières du Cambodge et du Laos, et engage les hostilités (décembre 1940-janvier 1941). Sous les auspices de Tokyo, elle obtient satisfaction.

Enfin, dans les régions du Nord-Tonkin, le Viêt-minh, mouvement nationaliste et révolutionnaire d’inspiration communiste, installe ses premières bases de propagande armée et de guérilla. L’Indochine, isolée et réduite à ses seules ressources, fait front et se prépare à la résistance.

Assailli sur tous les fronts, le Japon ne peut tolérer la présence militaire et l’autorité politique de la France sur l’Indochine. Le 9 mars 1945, il attaque par surprise les garnisons et détruit les marques de la souveraineté française, proclamant l’indépendance du Viêt-nam (Annam, Tonkin, Cochinchine), du Laos et du Cambodge.

Après la défaite nipponne, les mouvements révolutionnaires du Viêt-nam, du Cambodge et du Laos sortent de la clandestinité, déferlent sur le pays, déposent les monarques et imposent des gouvernements de fait. Le 2 septembre à Hanoi, la république démocratique du Viêt-nam est proclamée par Ho Chi Minh, le fondateur du Viêt-minh.

C’est une situation nouvelle et inattendue que découvrent, en débarquant à Saigon fin septembre, les premiers éléments du corps expéditionnaire français préparé pour lutter contre le Japon, et que commande le général Leclerc.

En dépit de violences et de combats localisés, les négociations sont engagées avec le pouvoir en place. Elles aboutissent aux accords du 6 mars 1946 qui reconnaissent l’indépendance du Viêt-nam dans l’Union française et admettent une présence militaire de la France pendant cinq ans. Au Cambodge et au Laos, les souverains sont rétablis dans leurs droits et l’autonomie est accordée aux deux États.

Rapidement, toutefois, un climat de méfiance et d’incompréhension réciproques, aggravé par de multiples incidents et envenimé par les manoeuvres des " ultras " de tous bords, fait échouer les négociations destinées à définir les nouveaux rapports franco-indochinois.

Le 19 décembre 1946, le Viêt-minh déclenche l’insurrection générale. Le président Ho Chi Minh, le général Giap, et le gouvernement gagnent l’abri des bases révolutionnaires du Haut-Tonkin.

Durant près de huit ans, le Viêt-minh va conduire une guerre totale et populaire, selon une stratégie de longue durée et une tactique de guérilla, au milieu d’une population favorable de gré ou de force. Cette forme de combat, dans une guerre en surface et sans front, a pour objectifs d’user l’adversaire, de disperser ses forces, de miner son moral, pour l’anéantir enfin, dans une bataille décisive menée toutes forces réunies.

En France, le poids d’un effort militaire mené à 15 000 km, l’instabilité gouvernementale, l’indifférence d’une opinion publique pour un conflit lointain qui n’engage que la seule armée de carrière et qui semble sans fin, ne favorisent ni la définition d’une politique et d’une stratégie adaptées, ni la mise en place des moyens nécessaires.

Ce conflit s’inscrit enfin dans le contexte d’une décolonisation générale à laquelle les vieux empires sont peu préparés, et dans le cadre de la " guerre froide " qui oppose l’Est et l’Ouest.

De 1947 à 1950, les forces françaises essaient d’étendre leur contrôle sur l’ensemble du territoire et d’isoler les bases adverses d’une Chine devenue communiste. Sous l’autorité de l’empereur Bao Dai, un régime nationaliste non marxiste dirige un Viêt-nam rendu indépendant et unifié en mars 1949. Parallèlement, le Laos et le Cambodge deviennent indépendants. Tous sont États associés dans l’Union française.

À l’automne 1950, le corps de bataille viêt-minh, maintenant constitué, engage le combat le long de la frontière chinoise (bataille de la RC 4) puis sur la périphérie du delta tonkinois. Là, il échoue devant la détermination du général de Lattre de Tassigny et de ses troupes, à Vinh-yen, Dong-trieu et sur le Day. Ces dures victoires défensives permettent à la France d’obtenir l’aide des Etats-Unis pour équiper une armée vietnamienne toujours plus présente dans la bataille.

À partir de 1952, le Viêt-minh lance des offensives spectaculaires à travers les grands espaces du Tonkin et du Laos. Il s’y heurte aux bases aéroterrestres de Na-san, de la plaine des Jarres et de Seno, mais parvient, début 1954, à encercler et à étouffer celle de Diên Biên Phu. Là, à l’issue de cinq mois de combats acharnés, il vient à bout de la résistance française.

Des négociations se déroulent à Genève et aboutissent, dans un climat de désarroi, aux accords du 21 juillet 1954. Le Viêt-nam est provisoirement partagé en deux zones qui, dès 1955, vont devenir deux Etats.

La présence française en Extrême-Orient s’achève. Le 14 septembre 1956, le dernier soldat français s’embarque à Saigon.

LE RAPATRIEMENT DES CORPS

Sur la totalité des corps des militaires du Corps expéditionnaire inhumés au Viêt-nam, Il 747 avaient été rapatriés jusqu’en 1975. Après cette date, les difficultés avaient empêché les rapatriements à titre individuel.

Au Sud-Viêt-nam, un cimetière de regroupement avait été construit, entre 1959 et 1964, à Tan Son Nhut. D’autres tombes militaires se trouvaient dans le cimetière européen de Vung Tau.

Au Nord-Viêt-nam, les autorités locales avaient procédé à des regroupements de corps à Ba Huyen. C’est surtout à propos de cette nécropole que des problèmes ont surgi, amenant dès 1980 le projet de rapatriement global de ces corps.

De nouvelles demandes vietnamiennes, la difficulté de maintenir la pérennité et la dignité des lieux considérés ont entraîné entre 1984 et 1986, des négociations qui ont abouti au protocole d’accord du 2 août 1986.

Les opérations de rapatriement ont été menées par le secrétariat d’État aux Anciens Combattants et Victimes de guerre, avec l’appui du ministère des Affaires étrangères et de celui de la Défense.

Symboliquement, le 10 octobre 1986, M. Chirac, Premier ministre, a accueilli à Roissy les premiers cercueils en provenance du Viêt-nam, auxquels M. Mitterrand, Président de la République, a ensuite rendu hommage au cours d’une cérémonie dans la cour d’honneur des Invalides.

Du 1" octobre 1986 (date d’exhumation des 120 premiers corps) au 21 novembre 1986, se déroule la phase concernant Tan Son Nhut et Vung Tau. Les opérations pour Ba Huyen s’effectuent entre le 24 mai et le 27 octobre 1987. 27 239 corps ont ainsi été rapatriés, dont ceux de 3 630 civils inhumés avec des militaires à Ba Huyen par les autorités vietnamiennes.

Il reste au Viêt-nam des tombes éparses, situées surtout dans les régions du Nord, dont l’existence est connue par des témoignages, mais dont l’emplacement a été effacé par les effets du climat et du temps écoulé.

Des opérations de recherches demeurent aléatoires. La perspective d’un rapatriement total des sépultures s’avère peu réaliste.

LE MEMORIAL

Le site : la signature du protocole franco-vietnamien de 1986 nécessitait la recherche d’un site pour la construction, en France, d’une nécropole.

La proposition de la ville de Fréjus - cession gratuite d’un terrain - emporta la décision d’un choix qui s’appuyait, en outre, sur le symbolisme des lieux, Fréjus étant ancré dans l’histoire coloniale : il y avait existé un camp pour les militaires en partance vers l’Indochine. Une pagode, un monument rappelaient ces liens renforcés par la proximité du musée des troupes de marine.

L’appellation : les corps destinés à reposer dans la nécropole de Fréjus étaient ceux de militaires " Morts pour la France ", mais aussi de civils (les restes mortels de 3 165 militaires décédés hors guerre ayant été réinhumés dans un mémorial sur le terrain militaire de La Legue).

Les " Morts pour la France " étaient décédés soit entre 1940 et 1945, soit, majoritairement, entre 1946 et 1954. En outre, le projet d’édifier une nécropole vit s’adjoindre celui de créer une salle historique. De là vint la dénomination " Mémorial des guerres en Indochine ".

Le projet : les dimensions du terrain, l’intérêt de concevoir autrement ce nouveau " lieu de mémoire " motivèrent un concours d’architectes, sur la base d’un programme établi par l’architecte-conseil du SEACVG.

75 propositions étaient présentées, 6 avant-projets retenus et, le 10 février 1987, le jury choisissait celui de M. Bernard Desmoulin, architecte DPLG.

Le mémorial est implanté dans un terrain de 23 403 m2. Il s’inscrit dans une circulation périphérique de 110 m de diamètre : le cercle symbolise à la fois le périple et l’enceinte militaire héritière du cercle spirituel des tribus. Les rangs d’alvéoles ont reçu les ossements des 17 188 militaires identifiés. S’y ajoutent 62 corps de militaires provenant de la nécropole de Luynes où ils avaient été inhumés antérieurement à 1975.

Les rangs sont orientés vers la mer, route de l’Indochine. Cette orientation se matérialise sur la construction elle-même par une allée montante menant au point le plus haut de la nécropole.

Dans la crypte, les restes mortels des 3 152 victimes inconnues reposent dans un ossuaire. À titre exceptionnel, 3 618 civils (dont 79 non identifiés) ont été inhumés sur le site, dans un columbarium édifié sous la partie nord-ouest de la circulation périphérique.

L’entrée de la nécropole s’articule au point du cercle tangent à la RN 7, entre la salle historique et un monument préexistant, élevé en 1983 par des associations.

La salle historique : précédant la nécropole, cette salle de 100 m2 veut en éclairer le sens.

Pour respecter les motivations des acteurs du conflit et sensibiliser les autres catégories de visiteurs, le Centre d’histoire militaire et d’études de la défense nationale de Montpellier a choisi d’évoquer sobrement les combats. Aucun personnage - ou unité - célèbre n’est cité. Ne reste que l’image du Soldat et le souvenir de sa présence sur la terre indochinoise.

Des cartes lumineuses situent les actions dans leur environnement géographique; sur la table centrale, maquettes et dioramas en montrent des aspects spécifiques. Alentour, des livres-photos reflètent la vie des combattants.

Parallèlement, l’hommage aux morts des guerres en Indochine sera rendu ultérieurement sous trois formes :

Le Mémorial des guerres en Indochine est la propriété du ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre. Il est géré par la direction interdépartementale des Anciens Combattants et Victimes de guerre, à Marseille.